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Quelle est la définition d’une psychothérapie analytique par rapport à la psychanalyse ?

Quelle est la définition d’une psychothérapie analytique par rapport à la psychanalyse ?

         Le terme de psychothérapie analytique est souvent définie comme une forme de psychothérapie qui utilise les outils de la psychanalyse sans être pour autant une psychanalyse

 

D’un côté, elle est donc définie dans son rapport à la psychanalyse proprement dite, d’un autre, elle est considérée dans son rapport aux autres techniques psychothérapeutiques

 

Dans son rapport à la psychanalyse, la psychothérapie analytique se distingue de la psychanalyse proprement dite par le positionnement du patient et du psychothérapeute. Assis en face à face, le patient dans la psychothérapie s’appuie davantage sur la présence du psychothérapeute qui intervient plus et autrement que dans la psychanalyse. Ce rapport du patient au psychothérapeute caractérise un certain positionnement subjectif et un rapport transférentiel spécifique qui se distinguent de la position subjective du psychanalysant et du rapport transférentiel propre à la psychanalyse.

 

A ce titre, la psychothérapie dite analytique peut être définie comme une phase du traitement psychanalytique qui précède l’entrée en psychanalyse. Selon la définition de la psychothérapie, c’est l’ensemble de la cure psychanalytique - de l’entrée en psychothérapie à la sortie de psychanalyse – qui peut être considérée comme la psychothérapie.    

 

Dans son rapport aux autres « psychothérapies », la psychothérapie dite analytique se définit par la méthode qu’elle utilise, soit la méthode des libres associations. Celle-ci permet de liquider les symptôme en les déchiffrant, soit en révélant la fonction et la signification non assumée que ceux-ci recèlent pour celui qui en souffre. La technique psychanalytique se distingue ainsi des techniques de suggestions et de conditionnement qui permettent de soulager temporairement le symptôme mais sans le liquider durablement, soit sans le déchiffrer. 

 

Précisons que la découverte de la technique des libres associations est une avancée scientifique faite par Sigmund Freud alors qu’il utilisait à l’époque des techniques de suggestion. En tant qu’avancée scientifique, soit dans ce mouvement dialectique, d’essais et d’erreurs, par lequel la science se constitue, la méthode des libres association est venue rendre caduque les anciennes techniques insuffisamment efficace. Autrement dit, selon la définition du terme « psychothérapie »,  il n’est pas impossible de soutenir l’idée qu’il existe une seule forme de traitement psychique permettant la guérison et ce traitement s’affine au fur et à mesure des avancées techniques. 

 

Si l’avancée freudienne a permis de sortir la psychothérapie des impasses dans laquelle la conduisait les techniques suggestives et les traitements spirituels depuis l'antiquité, la persistances de ces techniques erronées dans le champ de la psychothérapie nous permet de considérer le poids des croyances et des idées arrêtés dans les milieux scientifiques. Comme de nombreuses découvertes scientifiques, nous pouvons donc constater qu’un siècle après l’avancée majeur que Freud a apporté dans le champ de la psychothérapie, celle-ci s’oppose à un obscurantisme scientifique qui mène à conserver des techniques désuètes. 

 

Nous l’avons développé lors d’une communication en novembre 2019 au SIUEERPP (Séminaire inter universitaire d'enseignement et de recherche en psychopathologie et psychanalyse), ce phénomène symptomatique qui corrompt l’avancée de la science relève d’un fonctionnement obsessionnel particulièrement représenté dans les milieux scientifiques. (Cf, La dérive du champ médico-psychologique)

 

Ainsi, la définition de la psychothérapie analytique met en évidence que ce terme est un pléonasme dans la mesure où la méthode psychanalytique est l’unique méthode psychothérapeutique qui permette de soigner véritablement, tout du moins à ce jour. Les techniques suggestives (technique comportementales et cognitives, hypnose, sophrologie, relaxation, méditation…) et les traitements médicamenteux ne soignent pas, ils visent à atténuer certains symptômes de manière temporaire ou de les remplacer par d’autres symptômes (notamment par le traitement lui-même qui devient un rituel). 

 

En permettant le déplacement des symptômes et non la guérison, ces techniques peuvent donc pas être considérée, selon la définition du terme, comme des psychothérapies à part entière. 

 

Nous l’avons développé dans notre article « faire une psychothérapie analytique à Paris », cette illusion spatio-temporelle qui donne à des techniques ayant des effets à court terme le statut de psychothérapie est un symptôme particulièrement représenté dans le champ de la recherche. Il illustre cette tendance obsessionnelle à l’isolation psychique et mène à considérer les phénomènes de manière isolée, dans l’espace et dans le temps. (Cf. la dérive du champ médico-psychologique ). Cette tendance névrotique engendre des biais méthodologiques et des croyances erronées qui dépassent largement le champ de la santé. (Cf.  l’obsessionnalisation de la société ). 

 

Pour revenir à la définition de la psychothérapie analytique, une croyance courante qui relève de cette perspective restreinte est que la psychothérapie analytique permet de traiter un ou plusieurs symptôme spécifiques, comme si ces derniers étaient des phénomènes isolés du reste de la vie psychique de l’être. Or les symptômes sont articulés les uns aux autres et il n’est pas possible d’en soigner un véritablement si l’ensemble des symptômes n’est soigné. 

 

L’exemple du fumeur qui compense l’arrêt du tabac par une consommation excessive d’alcool  ou de nourriture illustre bien cette plasticité par laquelle les symptômes interagissent : si l’on focalise le traitement sur un seul symptôme, l’expression symptomatique se déplace sous d’autres formes. 

 

En levant le biais méthodologique qui consiste à concentrer l’attention du chercheur sur un espace-temps restreints, nous voyons donc pourquoi les techniques et les traitements médicamenteux qui se concentrent sur une partie restreinte des symptômes ne peuvent pas être considérés, selon la définition du terme, comme psychothérapeutique.

 

Contrairement à idée arrêtée selon laquelle la psychothérapie se concentrerait sur quelques symptômes restreints en comparaison à la psychanalyse qui serait contre-indiquée, la psychothérapie analytique ne vise pas à traiter juste quelques symptômes de manière rapide. Elle vise, comme la psychanalyse, la résolution globale des symptômes qui font souffrir l’être. C’est à ce titre que nous pouvons la considérer à ce jour comme l’unique forme de psychothérapie. En effet, si nous reprenons la définition du terme de psychothérapie, cette dernière vise la guérison et non uniquement la disparition momentanée d’un ou quelques symptômes. 

 

Ainsi, tenter de définir la psychothérapie analytique et la psychanalyse nous amène à considérer le terme comme un pléonasme : ni une résolution d’un nombre restreint de symptôme, ni une résolution temporaire de ces derniers, la psychothérapie analytique est à ce jour l’unique forme de psychothérapie à part entière : elle est l’unique traitement actuel qui permet, à celles et ceux qui souffrent, de régler le conflit intrapsychique à l’origine de leurs symptôme et donc de soigner ce qui les fait souffrir. 

 

La définition de la psychothérapie analytique est donc délicate dans la mesure où elle soulève une problématique épistémologique particulièrement actuelle. Si vous souhaitez en savoir d’avantage sur la différence entre la psychothérapie et la psychanalyse, n’hésitez pas à me contacter directement.

 

À Paris le 12 avril 2020

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