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Quelles sont les contre-indications à la psychothérapie analytique et à la psychanalyse à Paris

Quelles sont les contre-indications à la psychothérapie analytique et à la psychanalyse

 

 

      Contrairement à une idée arrêtée particulièrement bien ancrée, il n’y a pas de contre-indications à la psychothérapie analytique

 

Cette tendance à isoler les différentes pathologies et les différentes techniques est un symptôme obsessionnel qui témoigne surtout de l’influence de la névrose obsessionnelle dans le champ de la recherche, notamment en médecine et en psychologie. 

 

Cette façon de mettre les choses dans des cases toujours plus restreintes est un symptôme typique qui s’articule à une croyance tout autant névrotique selon laquelle il existe une psychothérapie en fonction de chaque pathologie. Or il n’en est rien. 

 

L’étude des biais méthodologique à l’origine de ces croyances nous amènent même à soutenir qu’il n’existe pas, à ce jour, d’autre psychothérapie que la psychothérapie dite analytique. (Cf. faire une psychothérapie analytique à Paris)

 

En effet, les autres techniques qui se présentent aujourd’hui comme psychothérapeutique ne peuvent pas être considérée comme de véritable psychothérapie, sauf en interprétant leurs résultats de manière erronée, soit dans des perspectives spatio-temporelles bornées, obsessionnelles 

 

Techniques comportementales et cognitives (TCC), hypnose, sophrologie, méditation, relaxation, etc., ce n’est pas parce que l’on peut observer un effet d’apaisement sur un symptôme (espace restreint) et sur le court terme (temporalité restreinte) que la technique qui a produit cet effet peut être considérée comme psychothérapeutique. A ce titre, les prières religieuses, les traitements antidépresseurs et pourquoi pas la consommation de calmants peuvent être considérés comme des psychothérapies… 

 

Lors d’une communication au Séminaire Inter Universitaire Européen d'Enseignement et de Recherche en Psychopathologie et Psychanalyse (SIUEERPP) en novembre 2019, nous avons partagé les résultats de nos travaux qui mettent en évidence que ces techniques de conditionnement et de suggestions correspondent la plupart du temps à des symptômes obsessionnels : elles forment des rituels et des symptômes de vérification qui consistent à répéter des paroles et des comportements de manière systématiques. 

 

Pour celles et ceux intéressés par les effets de désorientation que produit la névrose obsessionnelle dans le champ médical et psychologique, vous trouverez le texte de l’intervention publié dans cet article sur la dérive du champ médico-psychologique.

 

L’intérêt pour ces techniques obsessionnelles, que l’on retrouve notamment dans les fonctionnements religieux, s’est vu déplacé et renforcé dans le champ de la psychologie, de la médecine et de la psychiatrie, à mesure certainement que s’est opéré la déchristianisation des sociétés occidentales. Or si ces nouvelles croyances permettent à de nombreuses personnes de pouvoir se soutenir sur des nouveaux guides de vie et des nouveaux rituels, nous pouvons le respecter sans pour autant cautionner l’amalgame : l’apaisement momentané, et sans cesse renouvelable, que permettent les croyances et les rituels ne peuvent être confondus avec l’apaisement durable que permet le soin psychique, la psychothérapie. 

 

-       Les techniques de conditionnement permettent d’apaiser de manière brève ou de remplacer un ou quelquessymptômes par un nouveau symptôme. Telle la pensée obsessionnelle se transforme en rituel à effectuer de manière compulsive, les techniques de suggestion et de conditionnement elles-mêmes peuvent venir prendre la place de ces rituels symptomatiques.

 

-       La technique des libres associations, dans le cadre d’une psychothérapie (analytique) puis d’une psychanalyse proprement dite permet la guérison, soit la liquidation, de manière durable de tous les symptômes qui font souffrir l’être. 

 

En repérant l’illusion spatio-temporelle qui permet de donner à des effets d’apaisement ciblés et temporaires l’impressionde véritables guérisons, nous voyons alors que nous ne pouvons pas considérer comme psychothérapeutique les « thérapies brèves » ou les traitements médicamenteux. Bien au contraire, ces traitements retardent le soin et la guérison.

 

Avant de nous interroger sur la question des indications et des contre-indications à la psychothérapie analytique et à la psychanalyse, précisons que Freud avait déjà remarqué, il y a plus d’un siècle, cette différence de traitement. C’est la raison pour laquelle il abandonna littéralement la suggestion et l’hypnose pour se consacrer à la méthode des libres associations.

 

Mais comme de nombreuses découvertes scientifiques qui rendent caduque des théories erronées, dans le mouvement d’essais et d’erreurs par lequel la science se constitue, nous pouvons constater qu’un siècle après cette découverte majeure pour la psychothérapie, l’avancée freudienne est toujours annulée rétroactivement et mise au même niveau que des croyances et des superstitions, soit rejeté par un obscurantisme scientifique pour lequel le terme d’obsessionnel est approprié. 

 

Une fois dégagés ces biais de lectures obsessionnels qui laissent à penser qu’il existe plusieurs psychothérapies et donc des contre-indications à la psychothérapie dite analytique et à la psychanalyse, précisons en quoi il n’y a pas à ce jour de contre-indication à la psychothérapie analytique.

 

C’est ici qu’il nous faut faire une distinction entre la psychothérapie analytique et la psychanalyse. Cette croyance selon laquelle il existerait des pathologies et des types de caractère qui ne seraient pas adaptés à la psychothérapie analytique repose également sur la confusion entre la psychothérapie (analytiqueet la psychanalyse. Si la première ne présente aucune contre-indication, la seconde n’est pas donnée à tous le monde dans le sens qu’elle nécessite un désir de savoir que tout le monde n’a pas, tout du moins, pas au moment précis où le psychologue ou le psychiatre préconise une orientation. Mais la question du désir de savoir n’est pas figée et personne, sauf à se prendre pour Dieu, ne peut au préalable déterminer qui aura ou non le désir de savoir sur son désir inconscient.

 

Ce que la clinique nous apprend au jour le jour, c’est que le désir de savoir peut se manifester dans le cadre d’une psychothérapie dès la première séance, au bout de quelques jours, de quelques mois et parfois, il ne se manifeste pas.

 

Personne ne peut donc prédire à l’avance qui peut faire ou ne pas faire une psychanalyse et seul le clinicien qui assure la cure est habilité à repérer la manifestation du désir de savoir, dans le discours du patient, pour lui proposer, s’il se présente, d’entrer en psychanalyse. 

 

Par ailleurs, il est important de préciser que le désir du clinicien est essentiel dans la conduite de la psychothérapie dite analytique et que la façon de conduire cette dernière n’est pas sans lien avec la naissance du désir de savoir chez le patient.

 

Précisons que cette confusion entre la psychothérapie analytique et la psychanalyse est également nourrit par un certain nombre d’analystes qui se refusent, de manière catégorique à assurer des psychothérapies. En n’acceptant pas des patients qui ne présentent pas un désir décidé de savoir ou en précipitant des entrées en psychanalyse pour des patients qui ne sont pas prêt, cette façon bornée de conduire la cure est le pendant obsessionnel de cette tendance rigide à catégoriser. 

 

Contrairement à cette tendance à vouloir maitriser et contrôler, ce n’est pas le clinicien qui choisit qui est prêt pour une psychothérapie ou pour une psychanalyse. C’est la parole du patient lui-même qui oriente le clinicien quant à la position subjective dans laquelle il se trouve. Comme Fernando de Amorim l’a bien articulé, le psychanalyste n’est donc pas toujours mis dans la position transférentielle de psychanalyste, il occupe également la position de psychothérapeute. Cela suppose donc que le psychanalyste soit formé à assurer à la fois des psychothérapies et des psychanalyses. En effet, manier le transfert dans le cadre d’une psychothérapie analytique n’est pas la même chose qu’occuper la position transférentielle propre à la psychanalyse.

 

Pour le dire plus simplement, la méthode des libres associations est la même pour la psychothérapie et pour la psychanalyse mais le psychanalyste intervient davantage dans le cadre de la psychothérapie que dans celui de la psychanalyse. 

 

C’est ce manque de formation de certains analystes à la psychothérapie analytique qui vient renforcer la croyance selon laquelle la psychothérapie analytique n’est pas approprié pour certaine personne qui ont besoin d’être plus soutenue. Cela conduit tout droit au cliché de l’analyste qui reste en silence de manière dogmatique. Nous l’avons déjà souligné à plusieurs reprises lors de récentes interventions à des colloques de psychanalyse, cette tendance dogmatique et catégorique n’a rien à voir avec la psychanalyse et la psychothérapie analytique, elle forme un dévoiement obsessionnel et rigide de cette dernière. 

 

Par exemple, cette tendance obsessionnelle à figer et à catégoriser se manifeste dans cette croyance obtuse que la psychothérapie analytique n’est pas appropriée pour les personnes psychotiques. Or il n’en est rien, bien au contraire. Elle est, depuis les apports de Jacques Lacan, l’unique forme de psychothérapie de la psychose que nous ayons à ce jour. Parfois accompagné par un traitement médicamenteux, la cure psychothérapeutique avec les patients psychotiques nécessite toutefois un tact particulier et une formation spécifique. 

 

Ainsi, il n’y a pas de contre-indications à la psychothérapie analytique et à la psychanalyse dès lors que le clinicien se forme pour pouvoir occuper les positions de psychothérapeute et de psychanalyste. 

 

Nous l’avons précisé dans notre article sur la formation à la psychothérapie analytique à Paris, la cure personnelle du clinicien est certainement l’élément le plus important dans sa formation clinique. 

 

Comme nous venons de le voir, ce sont avant tout les symptômes des psychistes (analystes, psychologues et psychiatres) qui sont à l’origine de cette confusion dans le champ psychothérapeutique : tant à travers la diffusion d’idées arrêtées que dans celle d’une certaine tendance rigide et dogmatique de pratiquer la psychothérapie et la psychanalyse, la question des contre-indications à la psychothérapie analytique et à la psychanalyse vient surtout révéler la nécessité que les psychothérapeutes puissent faire leur propre psychanalyse et ne jamais la cesser dès lors qu’ils continuent à exercer et à théoriser.  

 

Finalement, la contre-indication à la psychothérapie analytique n’est pas à situer du côté des difficultés du patient mais plutôt du côté de celles du psychothérapeute lui-même, selon qu’il se forme ou non à la psychothérapie analytique et qu’il continue lui-même sa propre cure. 

 

N’hésitez pas à me contacter si vous souhaitez en savoir davantage sur les contre-indications à la psychanalyse et sur la formation du psychanalyste. 

 

 À Paris, le 11 Avril 2020 

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